Le deuil perinatal - quèsaco ?
Il est souvent difficile pour l'entourage de comprendre nos sentiments à nous, parents d'un enfant partit trop vite. Quelques mots pour expliquer…
Contrairement aux croyances généralement véhiculées dans notre société, perdre un bébé attendu et aimé est une tragédie pour les parents. Le chagrin qu’ils éprouvent ne se mesure pas au nombre de semaines de grossesse : il est proportionnel à l’amour que les parents ressentaient pour ce bébé, au rôle que ce rêve d’enfant venait jouer dans leur vie. Le deuil d'un bébé pendant la grossesse, ce n'est pas le deuil du passé, comme le deuil d'un adulte, c'est le deuil de l'avenir, le deuil du futur et des projets qui viennent avec.
Ces parents ont besoin de parler de leur bébé, de leur souffrance. Ils ont peur par-dessus tout qu'on oublie leur enfant et leur peine. Cependant ils n'en parleront peut-être pas d'eux même car ils ont souvent peur de déranger en le faisant. De son côté, l'entourage attend que les parents évoquent le sujet pour l'aborder car ils ne veulent pas «enfoncer le couteau dans la plaie». Nous voilà en plein malentendu ! Sachez que vous ne les peinerez sûrement jamais en en parlant, même si vous leur faites venir les larmes aux yeux. Si ce n'est pas le bon moment pour eux, ils vous le diront. Ne le prenez pas mal et que cela ne vous empêche pas de l'aborder de nouveau à un autre moment.
Vous n'osez pas? Vous vous dîtes que vous ne saurez jamais trouver les bons mots? Que vous allez forcément gaffer? Que vous serez forcément trop mal à l'aise et que ce que vous dites sera pire que tout? Vos gaffes seront pardonnées, il est pratiquement impossible de ne pas gaffer, mais le pire que vous puissiez faire serait de ne pas être présent.
Néanmoins, quelques phrases à éviter, car même si vous les prononcez avec les meilleures intentions du monde, elles ne provoqueront que colère ou chagrin :
- «Ce n'est pas grave, vous êtes encore jeunes » : Mais si, ce qui arrive est très grave. Vous n'aiderez pas les parents en essayant de minimiser la situation, vous leur ferez
simplement mal. Quant au fait d'avoir la chance d'être encore jeune, ça ne les aidera pas à ramener cet enfant qui est le seul qui compte à cet instant.
- « C'est moins grave que si vous aviez vécu avec lui, il vaut mieux maintenant que plus tard » : Y a-t-il un moment préférable pour perdre un enfant ?
- « Arrête d'y penser, cela ne le ramènera pas, il faut oublier et penser à l'avenir » : Cela ne le ramènera pas c'est évident, mais occulter la situation est tout bonnement impossible, au-delà même du fait que cela n'apporterait rien. Avant de penser à l'avenir, il convient de vivre le présent.
- « C'est peut être mieux comme ça » : Ah bon? désolée, c'est tout ce qui me vient... mon enfant est mort est c'est mieux comme ça? Je comprends que cette phrase toute faite puisse
sortir malgré vous, mais avec un peu de réflexion, vous comprenez sûrement qu'elle ne peut avoir de sens.
- « Vous en aurez d'autres » : On ne remplace pas un enfant. Ne faites pas l'erreur de croire que c'est parce qu'il n'est pas né que l'on ne connaissait rien de lui. In utero, les
enfants ont déjà leur caractère propre, et c'est cet enfant là qui va nous manquer. Malgré son court passage, nous ne l'oublierons jamais, il fait partie de notre vie et de notre famille. Il est
et restera notre premier enfant.
- « Il faut vous bouger et reprendre le dessus maintenant » : Inutile de leur mettre le pression, même si vous croyiez que c'est pour leur bien, ils reprendront le dessus quand cela leur sera possible. Pourquoi voudriez vous qu'ils le fassent avant? Il faut prendre le temps de s'effondrer pour mieux se redresser. Laissez leur le temps du deuil. Même si notre société veut que tout aille vite, qu’ils reprennent le dessus en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ce serait une erreur.
Sachez également que les parents culpabiliseront énormément les premières fois où ils riront de nouveau, ou quand, simplement, ils pourront penser à autre chose pendant quelques heures. Ils
culpabiliseront par rapport à leur enfant, qu'ils auront l'impression de trahir, mais ils auront aussi peur que leur entourage ne prenne ces moments de mieux être pour des étapes définitivement
franchies.
En effet, il y aura des périodes de « mieux » souvent suivies par d'immenses « retours de manivelle » d'autant plus violents et douloureux que les parents se croyaient aller mieux. L'entourage aussi en est profondément perturbé, ne sachant plus dans quel sens aborder la situation. Ici encore, pour savoir où en sont et ce que ressentent les personnes concernées, quoi de mieux que des les écouter? Les parents parlent souvent spontanément de leur souffrance dès qu'ils sentent que leur interlocuteur est totalement intéressé, à l'écoute, sans jugement et sans solutions toutes faites à fournir. Peu à peu ces « retours de manivelle » vont s'espacer, mais ils seront toujours présents et inattendus.