En finir avec Eddy Bellegueule
de Edouard LOUIS.
Vous avez forcément entendu parler de ce livre lorsqu'il est sorti en 2014. Il s'agissait du 1er roman d'Eddy Bellegueule, qui a changé de nom pour Edouard Louis. Ce jeune écrivain, né en 1992, il raconte son enfance en Picardie.
J'avoue, le charme n'a pas joué et je n'ai pas eu l'envie de lire ce roman. Et puis, il y a quelques semaines, Edouard Louis était l'invité de La Grande Librairie pour la sortie de son troisième roman. J'ai changé d'avis en l'écoutant et je me suis rendue à la bibliothèque pour emprunter son premier roman.
4ème de couverture :
Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire "Qu'est-ce qui fait le débile là ?" Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici. En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.
Edouard Louis y raconte son enfance dans un milieu modeste en Picardie. On y découvre la violence psychologique mais aussi parfois physique présente partout : au sein des familles, à l'école, dans le village. Bien entendu, les femmes sont considérées comme inférieures, soit des boniches, soit des p***. Eddy est chétif, maniéré et est doté d'une voix particulièrement aigue. Autant vous dire qu'il n'a pas fini de se faire emmerder. En plus, il se rend compte que les "jeux" des garçons ne l'intéressent vraiment pas, mais il se force, pour donner le change...
Ce livre est particulièrement violent. Surtout parce qu'on imagine très bien que l'auteur n'en a pas rajouté, et qu'encore aujourd'hui des enfants sont traités de cette manière. Dénigrés, violentés, en particulier par les personnes qui sont censées les aimer et les défendre. On ne sort pas indemne de ce roman.